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Allaitement bebe coussin

 » Offrir la possibilité à un enfant de développer un lien d’attachement sécurisant, c’est lui offrir un passeport pour la vie » (John Bowlby, psychanaliste)

 

Je vous épargnerai les détails des études de John Bowlby en la matière (en 1958 et 1963) – si elles vous intéressent, je pourrai vous les communiquer. Allons ici droit au but.

Dès son premier souffle, l’enfant recherche une figure d’attachement auprès de laquelle il pourra être en sécurité. En sortant du ventre de sa mère, il s’expose à un monde qui lui paraît agressif et hostile : le froid, le son qui augmente en volume , l’air qui passe soudain dans ses poumons et les décapent – provoquant ainsi son fameux premier cri d’inconfort qui, surprise, lui vrille ses cordes vocales toutes neuves…Il n’a alors rien pour se protéger ni aucun moyen d’expression, hormis crier. Son réflexe de survie est donc simple : se réfugier dans la protection de celui ou celle sur qui il ouvrira les yeux en premier. C’est ainsi que fonctionne l’oisillon, et c’est aussi ainsi que fonctionne l’humain.

Et cette personne est, en général, la mère. Au début, il est quasi aveugle et ne reconnait face à lui qu’une masse abrupte, en noir et blanc. Mais il associe cette masse à une odeur et à un son. La « masse » maternelle signe ainsi son identité. C’est la raison pour laquelle le peau à peau avec le papa, dès les premiers instants de vie, est aussi primordiale : le petit peut ainsi avoir deux individus différenciés et préférés. L’odeur de la peau et le goût du lait maternel (si maman allaite), ajouteront aussi plus de poids au lien particulier qu’il tissera avec sa maman (attention, ce post ne se veut pas pro-allaitement, chaque maman fait ce que bon lui semble). Le bébé aura alors un attachement différent, unique et irremplaçable pour chacun des deux individus.

Comment donc le nouveau-né tisse et renforce progressivement, au fil des jours, ce lien d’attachement avec celui que Bowlby appelle le Caregiver (le prodigueur de soins) ? Le nourrisson va se focaliser sur deux points primordiaux : la proximité physique et la disponibilité émotionnelle. Des études (malheureuses) ont été faites durant la seconde guerre mondiale où on donnait le strict minimum aux bébés pour qu’ils vivent physiquement (biberons, couches, sommeil), mais sans aucun apport affectif ni aucun amour. Le bébé n’entendait aucun mot doux, ni ne recevait aucun câlin. Personne ne le prenait dans ses bras quand il pleurait, personne ne lui signifiait la moindre importance. Au final, aucun des bébés n’a survécu. S’il était encore nécessaire de le prouver, cette terrible expérience illustre à quel point le lien d’attachement est indispensable à la survie du bébé (et à quel point l’Homme reste la pire espèce en ce monde, mais c’est là un autre débat).

Le lien se forge donc par un cumul d’interactions affectives, pédagogiques et ludiques entre le Caregiver et le bébé, et s’organise principalement pendant la première année de vie de l’enfant. L’attachement fonctionne, en principe, comme un havre de sécurité, une source de réconfort et de protection dans un contexte de fragilité intense pour le petit, et permet ainsi la mise en place d’une base psychologique solide pour l’exploration. A l’inverse, des crises d’anxiété ou d’insécurité du petit sont associés à une perception de menace d’indisponibilité de son Caregiver, et pour lui d’un risque de mort.

Plus l’attachement créé est fort, plus l’enfant sera confiant pour aller ensuite découvrir le monde. Sa confiance en lui-même sera aussi proportionnelle à la force de ce lien d’attachement.  C’est là, je pense, une excellente source de motivation et d’énergie à destination des jeunes parents souvent perdus, pour les aider à dépasser leur fatigue, à donner toujours plus de respect et de considération à leur enfant, et à se surpasser en patience, disponibilité, et amour.

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