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“la plupart des erreurs viennent de ce que nous n’appliquons pas convenablement les noms des choses” (Baruch Spinoza) 

Le mot “erreur” a la même racine que le mot ‘‘errer’’, preuve qu’il ne s’agit ni plus ni moins de détours dans notre vie. Faire des erreurs est donc ce qui nous fait grandir et nous permet d’avancer en développant notre capacité d’adaptation et de résistance face à l’adversité. N’oublions pas que toute réussite est l’issue de plusieurs échecs. Et si l’erreur nous apprend, la vraie faute est celle qui n’est pas corrigée.

L’esprit humain est néanmoins fait de sorte à ce qu’il se focalise principalement sur le négatif. Nous avons tendance à ne retenir que les erreurs ou ce qui se finit mal, quand bien même l’issue peut être positive ou qu’elle peut déboucher sur une voie plus pérenne. Il s’agit là d’un mécanisme bien connu en psychologie appliquée, celui des “distorsions cognitives” qui fait que nous ne voyons que le négatif des décisions prises et des conséquences engendrées quand nous nous trompons, plutôt que le positif que cela nous apporte. Nous culpabilisons, nous nous fustigeons…Alors que la plupart de nos erreurs nous sont profitables, au moins sur certains points, et ne sont quasiment jamais graves.

Par ailleurs, comme nous l’enseigne Spinoza, l’erreur vient de notre refus inconscient de voir, de notre obstination à croire une vérité différente de la vérité, car l’exercice de la lucidité serait trop douloureux à assumer pour l’image que nous avons de nous-mêmes. Nous voulons, envers et contre tout, nous conformer à cette image idéaliste inconsciente et notre relation à l’Autre finit de nous constituer autant qu’elle contribue à polir cette image.

Il existe deux types d’apprentissage : par le coeur, qui sollicite la mémoire immédiate et la conservation de l’acquis par l’instinct, mais qui s’extirpe alors de tout raisonnement et compréhension ; et l’apprentissage par l’expérience et donc par l’échec, qui sollicite là la mémoire procédurale. Bien sûr, les deux doivent s’allier pour que l’acquis de l’expérience le soit réellement. Et si la première mémoire, celle du coeur, reste toujours celle qui l’emporte car, rappelons-nous, nous sommes des êtres régis par l’émotion et non par la raison ; notre seconde mémoire est celle qui agit en veilleuse et qui donne plus d’aspérités à la première en nous permettant de comprendre et de reproduire (ou cesser) des raisonnements, à nous rendre aptes à faire un choix quand nous sommes face à plusieurs alternatives, ou à apprendre à sortir d’une situation dont nous ne voulons plus. C’est le cas lorsque, dans une relation toxique depuis plusieurs années et/ou dans une situation de dépendance affective, nous décidons enfin de partir pour pouvoir nous donner la chance de reconstruire ailleurs une relation saine et solide. La seule erreur a alors été celle de ne pas être parti plus tôt.

Se tromper est donc un passage obligé. Une chorégraphie, une musique, une leçon…c’est ainsi que nous apprenons. Rappelons-nous aussi du nombre incroyable de découvertes scientifiques et géographiques réalisées par erreur. Néanmoins, seules l’expérience suivante nous montrera si la décision prise était une erreur ou non. Les gens continuent leur route et montrent leur vrais visages par leurs actions, ce qui viendra alors conforter la décision prise d’avoir choisi un chemin différent du leur, ou d’être finalement restés. Mais dans tous les cas, une hypothèse sera éliminée et sera toujours une énorme avancée par rapport à la situation initiale.

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