« Sois toi-même, tous les autres sont déjà pris » (Oscar Wilde)
Paradoxalement, être soi-même est un idéal difficile à atteindre, mais un objectif à réaliser pour chacun d’entre nous. Et cela passe par les conduites, les manières d’exister, mais également la façon dont on se perçoit soi-même.
« Je pense donc que je suis » Descartes simplifie le travail. A partir du moment où nous sommes dotés de notre propre faculté de réflexion, nous existons. Mais que signifie exactement être soi-même, et pourquoi est-ce si difficile de l’être aujourd’hui ?
Nous sommes dans une culture du conformisme. Répondre à des critères sociaux de réussite et d’adaptabilité, entrer dans le moule sans craindre de ressembler à une tarte, et adopter le fameux masque social (la « Persona » en psychologie Jungienne) seraient des garanties pour bien vivre en société. Pour autant, si le masque peut être nécessaire, le risque réel est qu’il ne soit plus « positif », c’est-à-dire que l’individu ne sache plus s’en défaire ni comprendre son enjeu, au point que son véritable visage fonde en lui et perde son individualisation. La Persona, donc, représente le « Moi » de la psychanalyse, la façon dont on est reconnu, et comment on se montre à l’extérieur. Pour être réellement nous-même, il nous faut détacher le Moi de la Persona. Se libérer des exigences liées au regard critique de l’Autre. Mieux positionner la Persona pour en faire une alliée souple de notre réalité intérieure.
« Connais-toi toi-même », nous conseille Socrate. Pour se défaire des pièges du masque social, j’ai voulu me poser les bonnes questions. A ce moment, je quittais Paris et tous mes repères. Je repartais à zéro en sachant que je devrai aller à l’encontre de ceux qui ne comprendraient pas mes choix (y compris mes proches), que je devrai aussi faire avec des avis que je n’ai pas demandés et, surtout, que j’allais devoir refaire mes preuves pour reconstruire mes cercles amicaux, sociaux et professionnels. Ma Persona était alors grandement sollicitée, et a mis à rude épreuve mon véritable « Moi » pour le forcer à correspondre à ce qu’elle savait être les nouvelles exigences de réussite sociale. A un moment donné, le conflit entre ces exigences extérieures et mon monde intérieur (ma sensibilité, mes goûts, mes attentes, mes projets, mes valeurs et ma vision du futur tant pour moi-même que pour ma famille) était tel que le stress commençait grandement à émerger, jusqu’à menacer de régner en maître. J’ai alors dit un grand STOP à cette machine infernale… et me redirigeai vers des environnements qui me correspondaient vraiment, quitte à tourner le dos à ceux qui ne m’ont, en réalité, jamais correspondu.
Dans sa «Dialectique du Moi et de l’Inconscient » (p 153), C.G. Jung nous explique parfaitement ce fonctionnement ambivalent. « La Persona est un ensemble compliqué de relations entre la conscience individuelle et la société […] une espèce de masque que l’individu revêt ou dans lequel il se glisse ou qui, même à son insu, le saisit et s’empare de lui […] il vise d’une part à créer une certaine impression sur les autres, et d’autre part à cacher, dissimuler, camoufler, la nature vraie de l’individu. »
Pour savoir qui vous êtes et créer autour de vous une vie qui vous corresponde, posez-vous simplement les questions suivantes : Qu’est ce que je voulais devenir, quand j’étais petit(e) ? Que dirais-je à l’enfant que j’étais pour lui décrire son futur, tout en lui faisant garder son sourire ? Quelles sont les qualités que j’aimais le plus en cet(te) enfant ? Comment les retrouver et les développer aujourd’hui ? Est-ce que certaines choses limitent mon énergie ou ma créativité ? Est-ce que je pourrais prendre plus de risques ? Est-ce que je me préoccupe trop de ce que les autres peuvent penser ?
En d’autres termes, recentrez-vous sur la nature profonde de votre être, celle qui est en vous depuis votre plus tendre enfance et qui vous reconnecte à qui vous êtes vraiment. Il est important de s’accrocher à ce que nous sommes et, même, de le cultiver.
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