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Beaucoup pensent que la pure liberté n’existe pas. Si l’on considére qu’être libre, c’est pouvoir être complètement imperméable aux suggestions, influences et manipulations, n’écouter que nos envies et n’avoir aucune contraintes hormis celles que notre corps impose , oui une telle liberté n’existe pas.

J’ai demandé à mon entourage « qu’est-ce que la liberté, pour toi? », « penses-tu être libre? ». Peu de personnes avouent ne pas l’être, et la plupart cherche à y tendre le plus possible. La liberté se définirait alors comme la délivrance suprême de toutes contraintes et de tout engagement. Comme si, en s’engageant dans une direction, en choisissant un lien, on aliénait notre liberté.

Lorsqu’elle est la valeur maîtresse, la liberté coûte cher, très cher.
La liberté prend une place telle qu’elle relaie les autres valeurs en second. Elle demande à ce qu’on lui sacrifie tout et n’accepte aucun compromis : elle ne supporte pas les rapports hiérarchiques, se nourrit de voyages, de découvertes. Elle privilégie l’action à la réflexion et a le goût du risque, même si elle aime prendre du temps pour se retrouver, dans la solitude et le silence.

La liberté ne s’impose aucune limite, hormis peut-être de ne pas faire aux autres ce qu’elle ne voudrait pas qu’on lui fasse…et encore : il est rare qu’une personne libre s’encombre de la culpabilité. Penser totalement par soi-même, confronter les avis, provoquer pour susciter des réactions….tout ce qui peut se manifester par un esprit espiègle mais joueur, implacable mais rieur, anime la liberté. Si bien qu’elle peut penser quelque chose un jour et son contraire le lendemain, car elle est flexible par nature.

Le Libre peut tolérer les relations sociales, mais à dose homéopathique et à ses propres conditions. D’ailleurs, il n’a pas beaucoup d’amis, car ils sont comme lui. Il cultive un coté solitaire et sauvage. Mais s’il n’a pas besoin des autres pour se sentir exister, le Libre reste néanmoins sensible. Et pour peu qu’il ne soit pas centré sur lui-même, il se met naturellement de coté pour l’autre, voire pour une personne qu’il ne connaît pas. Sans réfléchir. Simplement parce qu’en donnant, il a plus à gagner qu’à perdre. Et c’est de l’autre, de l’inconnu, qu’il apprend.

Le Libre ne craint pas le regard de l’autre et s’exprime sans retenue, sans fard, sans masque. Il est vrai, authentique et ne fait rien à moitié. D’ailleurs, il répugne les masques et n’en porte que lorsqu’ils sont nécessaires aux engagements qu’il a librement choisis, ou pour s’amuser. Et il a beaucoup de mal à se livrer à ceux qui en portent, c’est-à-dire presque tout le monde.

Si le Libre parvient à tomber amoureux, il verra davantage en sa moitié son copilote que son complément. Et si sa moitié n’est pas une Libre, elle sera une personne qui respectera sa liberté, à défaut de la comprendre. Le Libre pourra lui donner beaucoup, il pourra se battre pour la hisser au plus haut, mais il n’attendra rien d’elle ou très peu : juste qu’elle reste digne de sa confiance.

Le Libre découvre en permanence son propre fonctionnement et essaie toujours d’en dénicher quelques rouages. Les compliments lui sont inutiles, il y voit un jeu de vanités. Il peut paraître prétentieux ou arrogant, alors qu’en réalité il a juste confiance en lui et en la vie. La lucidité est pour lui un travail de chaque instant car il se méfie de ses failles, même s’il les assume. D’ailleurs, s’il y a une chose qui l’attire vraiment, c’est l’exploration, la découverte. La prévisibilité et les rituels l’ennuient. Il est serein, même quand tout bascule. Il peut avoir peur, très peur même…mais jamais très longtemps.

Un Libre n’aime pas les réunions de famille, la foule et les rendez-vous. Il croit en Dieu comme il croit en la chance, et ne se revendique d’aucune religion. Il n’est pas forcément ponctuel car il déteste perdre son temps. Et il n’est pas patient, voire très impatient… Il travaille à son rythme, aux horaires qu’il veut et comme il veut : cela peut être à 23 heures comme à 4 heures du matin, pendant deux jours consécutifs, ou pas du tout pendant une semaine…pour ensuite s’enfermer à nouveau pendant longtemps.

Dans ces conditions, il peut être difficile pour une personne qui n’a pas la valeur liberté de suivre quelqu’un qui est mû par cette valeur : elle s’efforcera de contenir d’inévitables frustrations et de tolérer tous ses imprévus, qu’elle pourra considérer comme des caprices. Et si, au départ, la liberté était quelque chose qui l’attirait chez le Libre, voire qui la fascinait, elle pourra finalement déchanter et s’épuiser. Car le Libre montre très peu de marques d’affection, ou d’une manière subtile que son partenaire devra apprendre à remarquer. Il exprime ce qu’il ressent dans ses actes et non dans ses mots. Il a un coté nomade que ses proches ne peuvent comprendre qu’avec difficulté.

Mais attention, ceux qui n’ont pas la valeur liberté peuvent aussi être vrais, authentiques. Ils peuvent également aimer les voyages ou la découverte. La valeur liberté n’est, à mon sens, que la conjonction de toutes les caractéristiques que je viens de développer. Une valeur donc moins mirifique qu’elle ne le paraît…

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