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« Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien. » (Socrate)

Il y a des silences qui contiennent tout un monde, de ceux que l’on ne peut jamais totalement apprivoiser sans s’y perdre soi-même. Il a de ces absences qui rappellent l’existence de l’absent encore plus fort que sa présence elle-même. Comme s’il était parvenu, par un lien invisible mais irrésistible, à faire plier les rouages du temps pour les ralentir, rayer le disque du quotidien pour le projeter dans un sas d’attente, de construction et de décompression. Le vide alors ressenti ne ramène qu’à cette absence et devient palpitant, vivant, avec au cœur un appel qui n’a de réponse que son écho. Et une auréole de souvenirs, de non-dits plein d’éloquence.

 J’ai tant à apprendre, chaque jour me rappelle la béance de tout ce que j’ignore. Si le silence et le temps permettent le recul et la patience, alors désormais je saurai que les expériences forgent à chaud les aciers les plus rudes pour les forcer à se lisser, encore et toujours, afin de révéler leur authenticité. Peut-être, qu’au fond, ce sas ne ferait que me polir davantage.

J’aurais voulu connaître la vraie définition de l’ « indifférence ». Si cela consiste en une absence, en un repli, en un déni. Ou si, au contraire, elle n’est que l’envie réprimée d’une autre réalité ou le simple besoin de prendre le temps. Une indifférence n’en est jamais totalement une. Et si terminer un livre, commencer l’écriture d’un autre importe le deuil du précédent, les premiers mots qui se poseront sur la page immaculée seront ceux de l’espoir, né justement d’une émotion pure, vraie absence d’indifférence, issue du précédent livre. L’espoir aura le goût particulier du temps.

Ce que l’on emporte avec nous est ce qui nous a le plus révélé à nous-mêmes. La solitude, une surprenante amie, nous confronte à la réalité et, pour peu qu’elle s’allie à l’introspection, élague les blessures égotiques pour nous permettre d’évoluer réellement, au-delà de nos leurres. Grâce à elles, les premières lignes seront alors celles d’une épuration de l’égo sans cesse à l’épreuve, de l’affirmation des valeurs, du rétablissement des priorités pour désormais s’axer uniquement vers ce qui est pour nous réellement essentiel, en se délestant du reste.

 La solitude, la patience et le silence s’apprennent, et ils s’apprennent lentement, à tâtons, par ce professeur implacable qu’est la Vie. Ils ne sont aussi jamais totalement acquis. Leur langage est bien particulier, intensément plus riche que tous les mots ne pourront décrire. Par le silence, le message se dote d’une profondeur unique et d’une texture douce, chargée d’émotions subtiles. La solitude nous ramène à nous-mêmes pour nous apprendre l’humilité et l’introspection. Quant à la patience…sans doute l’alliée la plus fiable pour innerver l’histoire du nouveau livre par des fibres inébranlables. 

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