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Nous célébrons ce soir l’arrivée de la Pâques Juive, Pessa’h, qui nous rappelle la sortie des Hébreux d’Egypte, ainsi que leur parcours et les obstacles qu’ils ont dû franchir pour gagner la Terre Promise, Canaan.  Egypte, en Hébreu, se dit « Mitsraïm », qui signifie aussi « limites ». Pessa’h est alors, au-delà du devoir de mémoire, une injonction à dépasser nos limites pour se trouver enfin nous-mêmes.

Une « sortie d’Egypte », donc, ça se mérite, et ça demande un travail important sur soi-même. Voici les enseignements spirituels d’accomplissement personnel que nous enseigne cette fête qui figure comme l’une des plus importantes de l’année.

Regarde-toi sans la moindre complaisance

Moïse a été choisi parce qu’il était le plus humble des hommes et connaissait ses défauts mieux que quiconque. Pour pouvoir guider un peuple et plaider pour lui auprès de Dieu, malgré les humiliations et les trahisons, le travail qu’il a dû accomplir sur lui-même est incommensurable. Il savait déjà guider sa propre vie, sans orgueil ni peur, et c’est ainsi qu’il a pu transmettre et guider les autres. Il nous enseigne alors qu’il faut d’abord nous connaître nous-mêmes, jusque dans les méandres de nos défauts les plus sombres, pour pouvoir comprendre les choix que nous avons été amenés à prendre – y compris le choix de ne pas choisir ; les voix(es) que nous avons suivies ; ce qui nous a le plus touché, bouleversé, guidé ; pour enfin mieux diriger nos vies et impacter dans le sens que nous choisirons celle de nos proches.

Le pardon ne peut être reçu sans repentance… et le pardon n’implique pas l’oubli.

Lorsque le peuple Hébreux créa le veau d’or – trahison suprême d’idolâtrie envers un dieu qui venait de lui prouver une bonne dizaine de fois qu’Il existe… ; la réaction première de Dieu fut de vouloir tout simplement le détruire en l’ensevelissant complètement sous la terre. Une fois de plus, la réaction de Moïse le sauva en grande partie : « Retire mon nom de ton livre, mais épargne-les ! » hurla-t-il au buisson ardent.  Il ne put finalement sauver que ceux qui regrettèrent leur acte, car les autres n’acceptèrent pas la mansuétude divine : ils pensaient leur trahison légitime et l’auraient recommencée sans sourciller.

Cependant, si le pardon ne peut véritablement être accepté et reçu sans réelle repentance, il devait nécessairement être toujours donné, non pas pour le salut de l’autre, mais pour notre propre salut. Moïse expliqua aux survivants hébreux que le pardon était nécessaire pour se libérer eux-mêmes d’un sentiment négatif d’injustice qui pourrait germer avec le temps, et avancer. Alors…pardonner, oui, mais pas oublier.

Paie ton tribut

Dépasser ses limites demande des sacrifices. Il a fallu des siècles d’asservissement aux Hébreux, l’épreuve du veau d’or et quarante années d’errance dans le désert, pour enfin trouver la Terre Sainte. Rien n’est jamais gratuit et, plus grand est l’objectif, plus lourd sera la contrepartie à fournir. La motivation et la flexibilité aux changements sont proportionnels à ce que nous récoltons ensuite. Etre rigide et borné fait également recevoir un résultat proportionnel inverse : les dix plaies d’Egypte, se concluant avec la mort de son premier né, puis la perte de toute son armée et la destruction de ses réserves ont été le tribut payé par Pharaon en retour de tout ce qu’il a été.

Ne doute pas

Moïse a douté une seule fois – à l’épreuve du bâton sur le rocher pour faire jaillir l’eau, et a dû ainsi remonter au mont Sinaï pour ne jamais voir Canaan. Tant qu’il ne doutait pas, il pouvait guider son peuple. Tous les miracles accomplis n’ont pu être réalisés que par sa confiance sans faille au Créateur.

Dès l’instant où nous doutons de nous-mêmes, nous ne pouvons utiliser le maximum de notre potentiel et limitons les dons que la vie nous a donnés. Pour dépasser nos limites, il faut donc avoir confiance en ce que nous sommes et croire qu’une partie non prévisible, intangible, viendra nous guider à un moment où un autre. Croire au destin.

Fais de tes faiblesses une force

Moïse était bègue. Pourtant, il a réalisé des discours ralliant un peuple tout entier, a su négocier avec Pharaon et les plus grands conseillers d’Egypte et, bien sûr, a défendu corps et âme les Hébreux auprès de Dieu. Où serions-nous aujourd’hui s’il avait répondu ceci à Son appel, alors qu’il était prince d’Egypte et promis au trône : « Non, écoute, T’es bien gentil, mais je ne sais pas aligner deux mots dans une phrase alors Tu vas me chercher quelqu’un d’autre » ? Dépasser ses limites, c’est d’abord comprendre que nos faiblesses ne sont pas là pour nous limiter, mais pour nous surpasser. Parce que justement nous avons une spécificité qui nous rend fragile, utilisons-là pour ne plus la subir en faire notre alliée.

Pessa’h reste sans doute l’une des fêtes les plus fortes pour nous pousser à devenir la meilleure version de nous-mêmes.

 

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