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« Je n’ai pas échoué. J’ai simplement trouvé 10.000 solutions qui ne fonctionnent pas. » Thomas Edison

« Echec » a une étymologie persane, shat mat, qui signifie « mort au roi » et nous renvoie au célèbre jeu éponyme. Lorsque nous sommes confrontés à un échec, son objet, le « roi », meurt. Nous devons alors faire face à des deuils : celui du renoncement, puis celui de la disparition de l’objet.

Certains pensent que l’échec n’existe pas, qu’il n’y a que des aiguillages de vie qui nous indiquent qu’une direction ne nous convient pas et qu’une autre nous serait plus profitable. Facile à dire, bien sûr. Lorsque l’investissement personnel et matériel a été important, que le temps consacré n’a pas été compté et que, malgré tout, le résultat reste une cruelle déception, l’aiguillage peut laisser le goût âcre de l’amertume. Nous ne pouvons alors pas ne pas nous dire que nous avons échoué, lamentablement. Et oui, cela n’est pas agréable, loin de là.

Mais nous pouvons rebondir et, mieux encore, apprendre de l’échec.

Tout d’abord, l’échec doit être reconnu et accepté. Le déni ne sert à rien, autant regarder l’échec en face pour justement comprendre ce qu’il s’est passé, et pourquoi. L’échec nous apprend alors en nous fournissant des repères sur notre fonctionnement et ses répercussions dans le monde dans lequel nous vivons…ainsi que des indices sur notre réussite future. La plus grande vertu de l’échec peut donc être de nous faire rencontrer le réel – celui de notre psychisme, celui du monde extérieur.

L’échec nous apprend que tout ne dépend pas de nous. Il nous guérit de cette illusion de toute-puissance que nous avons tendance à nourrir en croyant que nous pouvons tout. Cette illusion est incompatible avec la réussite sur le long terme car cette réussite sera jalonnée de facteurs indépendants de notre volonté qui viendront immanquablement la tarir : des sacrifices, des départs, des pertes…l’une des clés de la réussite est alors de savoir distinguer ce qui dépend de nous de ce qui ne l’est pas : il aura alors une sagesse de l’échec là où, bien souvent, il y a une ivresse du succès.

Ne pas s’identifier à son échec. Ce n’est pas parce que j’ai raté ceci que je « suis » un raté. L’échec n’est donc pas « le mien » : ce n’est pas l’échec de mon « moi » mais simplement celui de la rencontre d’un de mes projets avec un environnement. Un échec n’est pas un révélateur de notre « essence » ou de notre « être », il est plutôt une invitation à « devenir » qui nous sommes et à « obtenir » ce qui nous convient vraiment. Un détour par la philosophie des sciences de Gaston Bachelard pourra aussi nous donner de l’élan : le savant n’est pas celui qui trouve tout de suite mais celui qui est capable de rectifier son erreur initiale. La vérité n’est alors « qu’une erreur rectifiée » et le talent celui de savoir « faire une psychanalyse de ses erreurs initiales ». Nous avons besoin de l’errance et du talent de rectifier pour aller loin. Lorsque nous nous identifions trop à notre échec, nous le vivons comme si le ‘’roi’’ était nous-mêmes. Pourquoi ne pas penser que notre réussite a besoin de l’échec pour se révéler, que c’est précisément grâce aux échecs que le roi en nous se souvient qu’il est un roi… N’avons-nous pas parfois l’impression qu’il n’attendait que cela pour se réveiller enfin ?

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