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« N’oublie pas de ne pas t’oublier »

Acceptation n’est pas résignation. Loin de là. La tendance à la confusion est commune et facile, et pourtant rien ne lie ces deux concepts diamétralement opposés. L’acceptation est une acception de l’existence qui demande un travail de tous les jours, celui qui consiste à dire pleinement « oui » au réel sans le déformer ni l’arranger, pour mieux appréhender ses problématiques qui peuvent être modifiées. Derrière l’acceptation, il y a une lucidité féroce qui mène à un combat pour améliorer autant que possible les implications directes et personnelles d’une situation, et à reconnaître son impuissance à déjouer les autres conséquences.  La résignation, elle, est une capitulation. Son « oui » cache un « non », le déni est souvent sous-jacent. On cherche alors à s’auto-persuader que la situation nous plait et nous correspond tout à fait. Mais on sait, derrière ce sourire factice, qu’une frustration reste là, et qu’elle prend de plus en plus d’espace.

Nous le savons déjà : l’acceptation fait peur. Elle implique un exercice aussi bien difficile pour soi-même que pour les autres, car elle requiert une honnêteté implacable, ne souffrant d’aucune exception, et une expression authentique de ses émotions. Personnellement, je perçois l’acceptation comme une hygiène mentale, indispensable à ma sérénité. L’acceptation a souvent pour synonyme le lâcher-prise, dans le sens où elle accueille une réalité brute, sans pour autant la cautionner, ni la rejeter. Ainsi, un malade qui accepte sa maladie n’arrête pas son traitement pour autant. Le but est, dans un premier temps, de se détacher d’une souffrance en la regardant en face puis, dans un second temps, d’agir pour la contrer. L’acceptation est l’étape préalable à l’action adéquate pour préserver notre équilibre.  Elle possède également un rôle crucial dans le processus de deuil.

Certes, dans l’acceptation, les confrontations sont  souvent inévitables, mais tout l’art est de savoir exposer des points de vues, des goûts, les faire respecter sans tomber dans le conflit. Nous avons aujourd’hui tellement peur du conflit que nous serions prêts à nous sacrifier pour l’éviter…et nous tombons alors dans la résignation.

La résignation est paradoxale : plus facile à accomplir que l’acceptation, elle est pourtant celle qui fait le plus de dégâts à notre équilibre psychique et à notre affirmation de soi. Avec la résignation, nous remettons en cause nos goûts, nos choix, nos couleurs, puis notre personnalité toute entière. Pour lisser une situation, faire plaisir et par peur de la réaction de l’entourage si on ose s’affirmer, on finit par se renier soi-même. On s’efface, jusqu’à ne plus exister, au risque d’éteindre notre étincelle, de perdre ce qui nous singularise, et de sombrer dans une sévère dépression.

Ne perdons alors pas de vue l’essentiel. Quitte à nous séparer de personnes qui ne respectent pas ce que nous sommes et n’acceptent pas pleinement chez nous ce qui les ont pourtant attirées au premier abord, restons fidèles à nous-mêmes tant que nous ne faisons aucun mal. Dans le cas contraire, c’est nous que nous étoufferons.

L’acceptation est donc à la fois une pleine conscience de ce que nous traversons et la force qui nous impulse l’énergie pour agir à notre mesure, le tout sereinement. La résignation, quant à elle… est un abandon de soi. A vous de choisir.

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