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Le plus difficile, quand on revient de congés, c’est justement d’en revenir. Surtout quand ces quelques jours ont été une véritable bulle spatio-temporelle passionnante, enrichissante et stimulante. Souvent, quand la routine est enclavante, on savoure au maximum le moindre intermède de liberté, on se déconnecte des schémas habituels pour tirer tout le suc du moment présent. Et si ce moment de pause est mis au service d’un loisir en particulier, ou d’une activité qui nous passionne vraiment, les sens se mobilisent davantage comme pour capter un maximum d’informations, tout le temps, sans relâche. Chaque seconde devient un objet de découverte, d’émerveillement. On est alors jamais autant stimulé intellectuellement qu’en vacances.

Si bien que l’atterrissage au bureau peut être un peu rude. Cette sensation, ce matin, en revenant sur ce siège rembourré, à ce décor lumineux et confortable, en découvrant cette pile de dossiers sur le bureau et le pavé « Droit des Marchés Financiers » sous les yeux, m’a juste donné un bourdon vertigineux. Ces onze derniers jours, je les ai passés à m’alimenter d’hypnose, à l’apprendre, la pratiquer, l’explorer le plus possible…me laissant dans l’impatience d’en découvrir davantage. Et hier soir, en revenant chez moi, j’étais tellement dans cette bulle que j’ai complètement oublié de prendre mentalement le chemin du lendemain.

Aujourd’hui, il me faut donc de la motivation. Voyons alors comment s’y prendre.

Déjà, se recentrer : l’idée est de réduire la trop forte densité de pensées qui partent dans tous les sens et qui éloignent de l’objectif concret présent. Se focaliser un instant sur le rythme de la respiration et sur nos sensations (ouïe, vue, odorat, toucher) permet déjà de revenir à un état de présence qui rend plus facile l’accès à la concentration sur une tâche à accomplir. En près d’une minute, les pensées sont déjà un peu moins turbulentes.

Réveiller l’intérêt : l’activité pour laquelle on manque de motivation, l’activité besogneuse, peut se mettre au service de l’activité objet de frustration, celle qui nous tarde de retrouver et qui est pour l’instant inaccessible. Pour cela, il nous faut trouver des points communs entre les deux, leur donner des liens. Tout peut avoir un lien avec tout si on s’amuse à l’imaginer…ces liens sont essentiels car ils réveillent l’intérêt pour l’activité besogneuse. Par exemple, le Droit est une matière qui me demande un esprit d’analyse et de synthèse, afin de mettre en place une stratégie au service de laquelle certaines règles seront appliquées. Je crois que l’on peut dire exactement la même chose de l’Hypnose. Du coup, cette croyance me donne à nouveau envie d’exercer mon métier de juriste car j’ai ainsi la nette impression que je m’entraîne à avoir une méthode de pensée efficace pour l’Hypnose.

Fractionner le temps : il s’agit d’alterner concentration-détente pendant un laps de temps déterminé à l’avance. Si le premier quart d’heure est dédié à une concentration la plus forte possible sur une activité, le second quart d’heure sera consacré à la rêverie ou à la détente. On aura ensuite plus de facilité à retourner à l’activité qui demande de la concentration. Pourquoi? Parce qu’il s’agit d’une sorte de contraction-décontraction mentale qui mène à un relâchement, et parce qu’il est plus facile de se mettre à une tâche lorsqu’une carotte nous attend au bout du chemin. D’ailleurs, être relâché permet paradoxalement de se concentrer plus facilement sur une activité…et donc de gagner en efficacité car on prendra au final moins de temps pour l’accomplir. C’est comme un sportif qui s’entraîne pour accroître ses performances : il doit nécessairement arrêter l’effort pour ensuite mieux reprendre et, entre les deux, développer ses aptitudes.

S’occuper au maximum : pour les multitâches, ne pas hésiter à en faire le plus possible, tant que cela n’empiète pas sur la qualité. Je m’amuse donc à écrire ce post en même temps que je réfléchis à un article à modifier dans un contrat, peaufine dans ma tête le plan de la veille réglementaire que je ferai en fin d’après-midi, compte le nombre de vieux journaux empilés sur le bureau à gauche de mon champ de vision, rédige également un mail à un collègue en prenant soin de vérifier chacune des pièces jointes, passe quelques coups de fil entre deux, fais des bulles dans mon café en soufflant dedans… J’adore. 67 journaux, quand même. Certaines personnes aiment bien conserver des choses inutiles. C’est vrai que, d’une certaine façon, ça meuble.

Sourire: les choses sont plus faciles à faire avec le sourire, c’est bien connu. Et c’est scientifiquement prouvé : la sérotonine, neurotransmetteur qui régule les humeurs, travaille en lien direct avec la dopamine qui, elle, gère notamment la motivation. Avoir le sourire dope la sérotonine et donc la motivation.

Avec un peu d’entraînement, la distorsion du temps : les choses agréables passent souvent trop vite et les choses moins agréables trop lentement. Par la distorsion du temps, on inverse sa perception lorsqu’il est trop pesant : le temps passe plus vite pour les tâches les moins agréables. Ce qui les rend par la même occasion moins désagréables, puisque le temps passé à les subir paraît plus court. Et lorsqu’elles deviennent moins désagréables, le temps s’accélère davantage puisqu’elles deviennent de plus en plus agréables….cela entraîne vite un cercle de cause à effet un peu confusionnant mais surtout efficace. On peut aussi allonger la perception des secondes en minutes : L. Cooper et M. Erickson parvinrent à créer l’impression d’un laps de temps de plus en plus long dans l’espace de quelques secondes. Pour un temps réel de dix secondes, le sujet était persuadé d’avoir vécu dix minutes et a ainsi pu dénombrer 140 fleurs, 165 pommes de terre, 402 bougies….Ce phénomène est tout à fait possible quand on pense qu’en rêve, nous vivons en quelques secondes des épisodes censés avoir duré des heures.

Bon, maintenant, au boulot 🙂

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