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La peur, la culpabilité et la fatigue sont bien plus dangereuses qu’elles peuvent le laisser paraître, de prime abord. Conjuguées ensemble, elles peuvent vite miner le moral et donner du plomb aux ailes de notre optimisme et de notre faculté de résilience. Et, à trop les écouter, on glisse rapidement dans l’angoisse. L’audace, elle, donne l’énergie pour avancer et tracer de nouvelles voies.

L’audace n’est pas le courage. Courage signifie « agir avec le coeur » et, selon Aristote, est le juste milieu entre la lâcheté et la témérité. Le courage est une vertu de bonne mesure qui demande d’exprimer notre force morale. Avec l’audace, au contraire, on outrepasse la mesure. On fait preuve de hardiesse, de culot, pour dépasser nos limites et s’aventurer au-delà de ce que nous nous croyions capables. Là où le courage exprime une forme de résistance, l’audace réveille un instinct de provocation : elle stimule, impulse pour nous pousser à sortir des rangs et oser. Oser faire un pas de côté. Et choisir un chemin différent.

Mais, pour devenir une véritable force de changement, l’audace doit s’adosser à un engagement réel, authentique et entier, un engagement de progrès pour soi ou pour les autres : c’est l’audace qui nous amène à dire certaines vérités dérangeantes mais indispensables pour avancer, c’est l’audace qui nous pousse à réaliser qu’une situation n’est pas saine et à en assumer les conséquences, c’est encore l’audace qui nous donne la conviction de pouvoir écrire autrement l’histoire de notre vie. L’audace est un moteur de changement sans pareil.

L’audace détourne de la tranquillité, mais promet la sérénité. Les chemins qu’elle montre peuvent être brouillardeux mais demeurent assez sûrs : le risque de chute reste minime car l’audace ne se traduit en action que lorsque les avantages et les inconvénients ont déjà été soupesés depuis longtemps. L’audace est juste une éclosion. Un séisme qui peut faire trembler les fondations, voire même les écrouler, mais une secousse nécessaire pour que d’autres fondations puissent prendre place.

L’audace demande d’être un peu fou. Il faudrait être fou pour volontairement se marginaliser et aller à l’encontre d’un certain ordre établi, pour explorer des chemins inconnus, s’exposer à l’incompréhension, l’injustice, la douleur, la colère….juste pour davantage se rapprocher de ce que l’on est vraiment, au plus profond de soi.

Quel est ton plus grand défi personnel? Voici la question que je me suis soudain posée au réveil, ce matin. Une question qui en soulève tellement d’autres, qui confronte à tellement de réalités, qui ouvre un champ de possibles si vaste qu’elle donne le vertige. J’en ai mis, du temps, à me lever ce matin.

Trouver du sens.

Nos choix nous confrontent immanquablement aux réactions de notre entourage, que notre audace intrigue et inquiète. Si la crainte du jugement et du rejet des personnes les plus chères reste toujours présente, l’audace la feutre par la perspective d’un accomplissement personnel dont nous sommes seuls juges…et par le fait qu’elle amorce un changement que ces personnes ne s’autorisent pas. Le conflit – sans violence, dans le respect – est alors bien souvent le seul moyen pour persévérer dans ce changement et devenir qui nous sommes vraiment. Ce conflit maintient les liens de l’affection en préservant notre intégrité, il délie les langues et confronte les points de vue, manifeste les désaccords de manière constructive, sans imposer à l’autre notre propre pensée.

L’audace galvanise l’esprit critique et le libre arbitre. Elle libère en ce qu’elle affirme et consolide une ambition désormais assumée. Choisir l’audace, c’est exister plus fort, plus intensément.

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