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Supposons que le temps nous appartient. Qu’il n’est qu’une illusion et que, comme toutes les illusions, il n’a que le sens que nous choisissons de lui donner. Le temps aurait alors une influence très réduite, voire inexistante, sur la teinte qu’il donnerait au présent, sur son poids, sa saveur et son unité. Le passé et le futur n’auraient plus d’importance car nous n’aurions plus besoin ni de gérer l’un, ni d’anticiper l’autre. Nous serions plus aptes à nous recentrer, à vivre en connexion avec toutes les parties de nous-mêmes, et nous lâcherions facilement toutes nos pensées inutiles. Dans cette hypothèse, finalement, seul l’ici et maintenant compterait.

Peut-être que la véritable sérénité ne se définit alors pas par un grand calme, mais par la sensation d’être totalement vivant. Nous ne sommes riches que de ce dont nous pouvons nous passer. Et, après tout, il n’y a aucun danger au monde, sauf celui de tenir pour certain ce qui ne l’est pas.

Dès que nous réalisons cela, nous n’attendons plus rien, hormis de nous-mêmes. Nous sommes libres. Tout est assumé, rien n’est regretté car tout, absolument tout, nous a servi et nous servira encore. Même – et surtout – ce dont on se serait bien passé.

Pour obtenir et entretenir cet état d’être au monde, se centrer me semble le moyen le plus simple et le plus régénérateur. Si la sensation qu’une journée de vingt-quatre heures ne suffit pas à alimenter tous nos projets, si l’envie de couper le lien avec la routine ou une anxiété se fait sentir, ou si tout simplement notre équilibre psychique le requiert, on peut choisir de retrouver un silence mental l’espace de quelques secondes. L’idée est de tout oublier pour juste se connecter à nos ressentis physiques purs : le contact de nos pieds sur le sol, la sensation du poids de notre corps sur la chaise, l’air qui emplit nos poumons à chaque inspiration, les sons les plus ténus, les plus lointains comme les plus proches. Fermer les yeux et s’oublier, couper nos pensées pour laisser uniquement parvenir les informations que notre corps nous envoie.

Ainsi, au lieu de se laisser envahir par une anxiété nerveuse ou par des pensées inutiles, on se reconnecte au moment présent, on s’absorbe dans une activité ou dans ce que nos sens nous apportent. Le monde prend alors une importance telle qu’elle réduit immanquablement la nôtre au point de devenir totalement absents à nous-même. Nous n’existons quasiment plus. Notre égo se réduit à son minimum vital. On vit, on voit et se voit autrement.

Nous sommes ensuite naturellement amenés à ralentir, renoncer à certaines relations, prendre de la distance, apprendre à patienter, à faire silence… nous apprenons à respecter le vide. Si le vide est très négativisé dans notre société, on peut aussi apprendre à l’accepter, et même trouver en lui une cohérence qui nous rallie à nous-mêmes. Paradoxalement, se recentrer demande donc de fournir l’effort de se concentrer à ne rien faire. Juste pour être là.

Au-delà même du confort, se recentrer a aussi un aspect pratique non négligeable : mettre les émotions au service des performances et de l’apprentissage. Permettre une disponibilité optimale et immédiate de toutes nos ressources. D’ailleurs, c’est un état à la fois physique et énergétique à la base de toutes les situations dans lesquelles nous souhaitons donner le meilleur de nous-mêmes : que ce soit lors d’une compétition sportive, d’un entretien important, d’une négociation délicate, d’un examen à passer ou d’une rencontre déterminante.

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