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Dans la lignée des articles sur le respect de soi et l’épanouissement personnel, celui-ci est axé sur un art encore trop souvent inaudible, bien que traité par une flopée d’ouvrages et de magazines spécialisés dans la psychologie de masse : l’art du lâcher-prise.

Nous avons toujours tendance à exiger de nous-mêmes plus que nous pouvons fournir, et c’est tant mieux. Il nous faut sortir de notre zone de confort, nous dépasser, nous surprendre nous-mêmes.

Nos capacités sont comme des muscles et ne demandent qu’à être déployées au maximum de leur potentiel. Seulement, voilà : arrive un instant où l’on sature, on entre en surchauffe, on craque. Besoin de vacances, de solitude, de silence, de sommeil, de calme. Dans les cas extrêmes, certains font un « burn out » émotionnel, plaquent tout et partent à l’autre bout du monde. Nous ne sommes pas obligés d’en arriver là. Tout en continuant à travailler pour faire avancer nos projets, nous pouvons lâcher du lest.

Lâcher quoi ? Mais nous tenons quoi, exactement ?

Nous tenons ce qui nous paraît nécessaire pour nous affirmer et exister. Notre égo en est l’auteur, c’est lui qui nous afflige ces tourments de l’esprit toujours plus exigeants et implacables : pour exister et être conforme à l’image qu’il a de nous, l’égo nous oblige à ne pas tolérer les retards, les oublis, les erreurs des autres et de soi-même. Il a tendance à confondre la tolérance et la faiblesse, la force et la dureté et la flexibilité et la paresse. Il vous faudra négocier avec cette partie de vous-même pour, au final, être davantage exigeant envers vous-même qu’envers les autres. Tout en vous respectant.

Organisez-vous de manière réaliste et optimiste.

Vos priorités changent avec le temps, vos humeurs et vos aspirations. Apprenez à estimer le temps nécessaire à la réalisation de chaque chose et, si le temps vous manque pour la terminer en une fois, planifiez vous un laps de temps quotidien – même court – pour l’avancer pas à pas. « Ne craint pas d’avancer lentement, crains seulement de t’arrêter » nous rappelle Lao Tseu. Chaque jour suffit sa peine. Vous verrez, ne serait-ce qu’à la fin d’une semaine, à tel point vos projets ont pu avancer, et ce de manière sereine.

Gérez vos émotions.

Beaucoup de personnes vous diront qu’il ne sert à rien de s’énerver. Elles ont tort. S’énerver, ça fait du bien. Une pulsion se libère et vous soulage d’un trop-plein de rancœur, d’injustice, et d’insécurité. Avec les émotions, dont la colère, vous rappelez aux autres et à vous-même que vous existez. Veillez toutefois à éviter les mots que vous regretterez la colère passée, et préférez passer vos nerfs sur des objets, des assiettes, plutôt que sur des êtres vivants. Hormis ces deux bémols, énervez-vous comme vous voulez. La colère est un mode d’expression de la peur, qui est l’émotion humaine et animale la plus puissante – car elle renvoie à l’instinct primaire de survie.

Petite parenthèse : non, désolée, l’émotion la plus puissante n’est pas l’amour, pour la simple raison que l’amour n’est pas qu’une émotion. L’amour est une transformation qui provoque, entre autres, une panoplie d’émotions. L’amour s’alimente chaque jour, son état est en perpétuel évolution, et a vocation à durer. L’émotion est, au sens premier du terme, une décharge neuronale électrique qui ne dure pas. D’ailleurs, la colère sous l’effet de l’amour est particulièrement violente…

Si vous parvenez donc à gérer votre colère tout en l’exprimant, vous parviendrez à juguler les autres émotions qui vous habiteront.

Très vite, vous vous apercevrez que vous vivrez les choses qui vous touchent personnellement de manière moins intense. Un nouvel ancrage se posera dans votre fonctionnement : vous relativiserez.

Trouvez du temps pour vous.

Trouvez une activité qui vous libère de vos tentions et vous apaise. Pour certains, ce sera de la peinture, de la musique ; pour d’autres, du sport ou de la méditation. Vous avez besoin de temps à vous, prenez-le car c’est ce temps qui vous rendra ensuite plus disponible pour les autres et vos projets. Sans ce temps à vous, vous ne serez pas au maximum de votre potentiel pour le reste.

D’ailleurs, sous-pesez chaque élément du « reste » pour vérifier son indispensabilité. Les enfants ayant grandi et ayant quitté le cocon familial, serait-ce vraiment nécessaire d’être omniprésent et de vouloir tout contrôler dans leur vie ? Quand vous recevez des amis à dîner, est-il également nécessaire de vous surpasser dans la concoction d’un repas gastronomique, alors que vous n’en avez ni le temps ni l’énergie ?

Cela soulèvera en vous de nouvelles questions : qu’est-ce que cela m’apporte de vouloir tout contrôler ? Est-ce vraiment de la générosité de vouloir régaler mes amis par un somptueux dîner que j’aurais réalisé de mes petites mains ? Se montrer, se faire valoir, garder son importance dans la vie des autres, ne pas céder une place imaginaire… lorsque l’égo devient orgueil et vanité, on peut effectivement vite s’encombrer de tâches inutiles, d’autant que l’on s’enfonce dans un leurre : personne ne peut tout contrôler. Attention alors, également, à ne pas devenir hystérique.

Expérimentez de nouvelles choses.

Partez en voyage dans un pays totalement inconnu, faîtes de nouvelles rencontres, élargissez votre cercle d’amis, tentez de découvrir des domaines dans lesquels vous êtes complètement néophyte et qui vous intéressent (pâtisserie, danse, poterie…). Gardez en tête que le temps n’attend personne. N’attendez pas demain pour faire ce qui vous attire aujourd’hui. Vivez votre vie comme s’il n’y avait pas de lendemain.

Ne rejetez pas la faute sur les autres. Assumez, mais déculpabilisez.

Vous n’êtes qu’un être humain, c’est-à-dire de nature faillible et perfectible. Vos obligations ne sont que des obligations de moyen, pas de résultat : donnez le meilleur de vous-même, mais apprenez aussi à accepter vos limites, vos échecs, vos erreurs, vos maladresses et vos ignorances. Souvenez-vous : quand vous portiez des couches, vous tombiez souvent pour apprendre à marcher. Certes, vous tombiez de moins haut, mais vos efforts pour vous relever n’étaient pas moins grands.

Etre coupable, c’est se rendre fragile aux yeux des autres et de nous, car notre image de nous-même est altérée. Pouvons-nous alors endosser la responsabilité de nous décevoir nous-même ? Vous ne vous décevrez pas si vous vous êtes libérés de la peur de perdre une affection, une estime ou l’amour d’une personne. Vous savez ce que vous valez et vous êtes assez mûrs pour exprimer vos ressentis verbalement sans agressivité. Alors exprimez-vous avec calme, pardonnez-vous vous-même, et vous éviterez ainsi toute projection, c’est-à-dire de reprocher aux autres ce qui vous appartient mais que vous refusez d’admettre.

Vous avez alors le choix : laisser votre égo régir votre façon de vivre ou, au contraire, appréhender chaque situation avec un regard neuf, sincère, et sans a priori. Vous renfermer ou vous ouvrir aux autres. Vous encombrer de contraintes inutiles ou vous en délester pour vous recentrer sur l’essentiel. Le lâcher-prise est une question de choix.

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