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–  Tu sais quel est ton problème ? Tu es idéaliste, ai-je encore entendu hier.

Etre idéaliste n’est pas un problème et permet le réalisme, à condition de ne pas être dépendant de notre idéalisme. Nous devons toujours être pertinent, c’est-à-dire nous adapter à chaque situation, sans renier ce qui est pour nous le plus important. L’idéaliste est donc juste une personne qui tend vers le « mieux » pour elle en fonction de sa vision exigeante de réussite et de bien-être.

L’idéaliste se subit lorsqu’il ne peut vouloir moins que ce qui s’impose comme « juste » à son cœur. Son idéalisme est alors son talon d’Achille car ne permet plus au réalisme de s’exprimer. Rarement, il semble toucher du doigt ce qu’il recherche mais, pour peu que les circonstances le poussent à être ou à faire ce qu’il ne peut concevoir pour lui-même, c’est alors le dilemme, voire le déchirement. L’idéaliste ne peut devenir lucide que s’il brise le miroir, c’est-à-dire que lorsqu’il s’aperçoit qu’il recherche en l’autre son propre reflet idéalisé.

Sa sensibilité frôle souvent l’hypersensibilité et, pourtant, il reste inaccessible. Sauvage, libre et solitaire, l’idéaliste a une personnalité complexe, qu’il ne livre que très rarement, et qu’à quelques proches. Bien qu’il puisse paraître le contraire, l’idéaliste est chaleureux et passionné.

Il agit selon ses sens et ce que son instinct lui dicte de faire pour que ses choix de vie répondent au plus près de ses valeurs les plus profondes. Plus l’enjeu est pour lui important, moins il tolère la concession et préfère s’armer de patience pour viser la perfection.

Créatif, l’idéaliste est constamment à la recherche de nouvelles idées ou possibilités. Il avance tranquillement vers ce qui est important pour lui et abandonne rarement son objectif. Il ressent le besoin de comprendre l’essence des choses, dans leur vérité crue.

L’idéaliste est une personne calme, souple et facile à vivre. Il suit ses valeurs internes et, bien qu’il sache se montrer ouvert aux idées nouvelles, il peut devenir intraitable lorsqu’une de ses valeurs fondamentales lui semble bafouée. C’est lorsqu’il travaille à rendre la réalité conforme à ses aspirations qu’il exprime le mieux son tempérament.

Mais son idéal le plus absolu n’est pas tant de réussir à acquérir ce qui le rendrait complet que la connaissance et la maîtrise de lui-même. En d’autres termes, l’idéaliste cherche en permanence à vivre pleinement une version améliorée de lui-même et à offrir ce qu’il a de mieux, en restant fidèle à ses principes et en conjuguant empathie et honnêteté. 

Je me suis souvent demandée si mon idéalisme pourrait un jour s’allier avec les attentes, non moins légitimes, de celui qui partagerait ma vie. Etre idéaliste, c’est aussi être extrêmement exigeant, car l’idéaliste « sent » mieux que quiconque ce qu’il faut pour lui-même, et ce dont il est capable de donner.  Et, s’il peut faire des concessions, ces concessions ne devront jamais conduire à « dénaturer » une partie de lui-même. L’idéaliste possède une certaine philosophie, une capacité à l’émerveillement infantine qu’il devra apprendre à protéger avec les expériences et la domination de ses peurs.

En se connaissant mieux lui-même, il accède alors à l’acceptation de cette spécificité. Ce rêveur éveillé a en lui le potentiel de se dépasser bien plus qu’il ne le croit lui-même.

Aujourd’hui, en ce qui me concerne, cette connaissance de moi-même me donne l’envie toute nouvelle de goûter à quelque chose que je n’ai jamais vraiment connue auparavant sur une période aussi longue : la vraie solitude. Me poser, le temps d’un instant, pour justement délimiter les contours de mon idéalisme et le reconnaître.

Le choix de la solitude, en cette période particulière, me semble une nécessité pour, justement, donner plus tard à cet idéal toute sa dimension et toute sa latitude… avec réalisme.

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