Sélectionner une page

« La vie est magnifique, aussi longtemps qu’elle vous consume » (D.H. Lawrence)

Vers quoi devons-nous tendre pour que notre vie vaille la peine d’être vécue ?

Je crois que je me suis posée cette question toute ma vie…et n’aurai jamais une réponse qui me satisfasse. Néanmoins, les quelques bribes de réponse ci-dessous restent pour moi une évidence qui se confirme avec le temps.

Apprendre à aimer

Aimer n’est pas inné. Au départ, le nourrisson sait qu’il doit sa vie à celle qui le nourrit, et qu’il est particulièrement vulnérable. Si sa mère ne le nourrit plus, il meurt. Il ressent alors, en premier lieu, du besoin et non de l’amour envers sa mère – qu’il ne connaît d’ailleurs que trop peu. Ce n’est que lorsqu’il commence à distinguer le monde de lui-même qu’il peut s’ouvrir à des émotions altruistes et à l’amour de ses proches.

L’éducation apprend l’amour. Aimer est donc un acquis. Il suffit d’ailleurs de voir les terroristes extrémistes religieux, ayant grandi dans la haine et la destruction de tout ce qui leur est différent, pour s’en convaincre.

Par ailleurs, l’apprentissage de l’amour n’est jamais terminé. Si aimer est donc un acquis, il n’est jamais acquis à cent pour cent. L’amour reste, quoi qu’on en dise, l’élixir de l’existence : condition essentielle de notre bonheur ou, au contraire, une difficulté à vivre ; il peut nourrir ou tirailler avec la même facilité. Et, s’il est vrai que l’effort pour le maintenir demeure permanent, cet effort nous apporte également d’autres ingrédients pour le nourrir en nous éclairant sur ce que nous sommes nous-mêmes. Nos besoins, nos attentes, nos failles, et notre fonctionnement tout entier sont révélés par cet apprentissage. Apprendre à aimer est donc le premier des rouages qui guide notre existence.

Savoir ce pour quoi on est fait

Il s’agit de connaître notre mission dans cette vie. LA vocation qui nous motive et nous exhalte même dans les moments de fatigue ou de déprime extrêmes. Elle est une bouée de sauvetage, un fil d’Ariane qui nous remontera à la surface quoiqu’il puisse arriver, face à tous les évèments que la vie peut nous infliger. Savoir ce que l’on peut apporter au monde, ce que l’on vaut et notre rôle sur cette planète est primordial.

« Ne crains pas d’avancer lentement, crains seulement de t’arrêter » nous enseigne un vieux proverbe chinois. L’un de nos buts de vie est d’exploiter notre potentiel pour se sentir utile sur cette planète, ne pas avoir gaspillé une vie à ne rien réaliser et, peut-être, laisser une trace de ce que nous avons été. Cette trace ne sera pas forcément nos enfants…sauf si construire une famille est notre priorité de vie – ce qui est aussi louable! Les artistes, les écrivains, les créatifs, ceux qui bousculent les lignes, imposent leurs vibrations pour donner naissance à une manière de vivre plus belle, sont de vrais précurseurs. Et, eux, sont immortels.

Néanmoins, sans pour autant chercher à toucher le rêve un brin mégalomane d’immortalité, savoir ce pour quoi on est fait donne un sens à la vie, dans les deux acceptions du terme : une signification et une direction. Nous serons alors fiers, à la fin de notre parcours, de ce que nous laisserons derrière nous. Cela demande le courage d’aiguiller notre chemin en fonction de nos aspirations propres, de nos valeurs et de nos goûts, sans se le laisser imposer par des dictats sociaux ou familiaux souvent jugés à tort de « réussite ».

Apprendre à lâcher-prise

Rappelez-vous…Sisyphe. Ce pauvre homme, qui pousse encore et toujours un rocher bien trop lourd pour lui jusqu’en haut d’une montagne. Même si le rocher dévale la pente, il retourne le chercher pour, aussi inutilement, le faire parvenir jusqu’en haut. Pourtant Sisyphe est lucide, il est tout à fait conscient de l’absurdité de son comportement, mais rien ne l’en délivre, si ce n’est l’apprentissage du lâcher-prise.

Devons-nous, vraiment, continuer à porter un fardeau avec nous en avançant ? Nous avons chacun notre fardeau. Qu’il s’agisse du poids du passé, d’un présent qui nous emprisonne, ou d’un futur anxiogène, nous avons dû, un moment de notre vie, choisir de laisser tomber de ce qui est trop lourd pour nous à traîner. En plus d’un apprentissage ponctuel, le lâcher-prise devient un exercice régulier qui ne finit pas de nous défaire de ce qui, chaque jour, a son lot d’encombrement. Tant de choses nous maintiennent à un niveau qui ne nous convient plus et nous limitent : les regrets, les remords, la culpabilité ou encore la peur de ne pas être à la hauteur…le lâcher-prise est une simplification de notre façon de vivre, une économie psychique qui nous permet d’être plus efficace, plus disponible, et de vivre plus intensément le moment présent.

Quoi que l’on décide d’en faire, notre vie doit donc revêtir un sens que la mort ne saurait lui ravir. L’amour, les émotions, la révolte sont de ces éléments qui font vibrer notre étincelle de vie et, comme nous l’enseigne Camus, rien n’est plus intolérable que l’absurde !

Spread the love