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« C’est impossible, dit la Fierté

C’est risqué, dit l’Expérience,

C’est sans issue, dit la Raison,

Essayons, murmure le Cœur. » William Arthur Ward

Avec le passage à cette nouvelle année, j’ai remarqué chez beaucoup d’entre nous un sentiment particulier sur lequel j’ai eu envie de me poser quelques instants. La période de nouveau cycle génère souvent de belles résolutions et l’engouement des nouveaux départs mais, passé l’enthousiasme des premiers jours, vient souvent l’envie très caractéristique de tout envoyer valser.

C’est alors un ras-le-bol général. La répétition et la lassitude menacent ; les challenges peuvent finalement paraître trop élevés pour y croire, le manque de sens peut sérieusement entacher nos plus fortes motivations. Pourtant, et cela peut sembler surprenant, les spécialistes sont unanimes et considèrent cette envie comme positive, si on sait la comprendre pour l’utiliser à bon escient.

L’expression même parle de désir (l’envie) et de mouvement (promener, balader, valser). C’est ici la vie qui s’exprime. Elle rappelle son besoin d’évolution, de changement et de renouveau.

« Je sature »

Nous vivons dans une époque complexe où nous devons constamment être performant, accepter d’être sollicité de toutes parts, traiter toutes les informations que notre environnement nous donne, exceller sur tous les domaines professionnels, personnels et amicaux, alors que notre cerveau a juste besoin de sécurité et de simplicité. Les efforts pour être à la hauteur sont permanents et les pauses, elles, quasi inexistantes. Il est alors compréhensible qu’un jour nous saturions et nous sentions accablés d’un sentiment d’impuissance et surtout de perte de sens, au point d’en arriver à se dire « J’abandonne ! Au fond, à quoi bon persister ? Qu’est-ce que tout cela m’apporte, réellement ? ». C’est à cet instant que notre inconscient nous exhorte de stopper cette mécanique infernale ; et il nous faut l’écouter : à défaut d’une pause, notre corps peut prendre le relai et créer des troubles psychosomatiques.

« Je veux être moi-même »

Cette pulsion vient d’un sentiment d’incomplétude, généré par la sensation que nous ne pouvons faire autrement que répondre à des injonctions sociales sans nous laisser la possibilité d’être véritablement nous-mêmes. Il s’agit, en quelque sorte, d’une autre crise d’adolescence, à ceci près que ce ne sont plus les prescriptions éducatives que nous rejetons intérieurement, mais bien celles que la société nous impose pour rentrer dans son moule. Il nous faut alors prendre garde à un piège bien connu : dans notre cerveau, le renouveau passe nécessairement par la destruction. C’est la pulsion du « dégagisme ». Une lettre de démission, une rupture, un déménagement…tout peut passer, pourvu que le soulagement arrive enfin. Mais, vous l’avez bien compris, il ne s’agit là que d’un leurre. Notre cerveau a certes besoin de souffler, mais pas d’anéantir ce qu’il s’est évertué à créer pendant parfois plusieurs années.

« Je me sens déstabilisé(e) »

Notre « ça » et notre « surmoi » entrent alors en guerre. Nous sommes déstabilisé(e)s, voire même écartelé(e)s entre leurs deux ordres : l’un qui nous intime de répondre à notre pulsion de partir (le « ça »), l’autre qui nous juge, nous sermonne et nous donne l’injonction de rester, tiraillant notre mauvaise conscience (le « surmoi »). La situation devient inconfortable, et ne peut tenir bien longtemps. Qui gagnera, de ces deux instances aussi fortes l’une que l’autre ? De ce conflit psychique doit émerger le « Moi », pour qu’il s’impose en donnant une solution salvatrice de l’équilibre. Le « Moi » doit alors accepter, confiant et serein, de prendre une pause tout en protégeant ses arrières. Avant de retirer le bébé de l’eau du bain, on s’assure de son confort en prévoyant une serviette chaude. Non, on ne le jette pas avec l’eau.

« Que dois-je alors faire, concrètement ? »

Lâchez-prise. Le but est de ne plus se soumettre à la pression, et de prendre du recul pour comprendre. Dans quelles circonstances ces sensations arrivent-elles, qu’est-ce que l’environnement sollicite de nous à ces instants, et avec quelles personnes en particulier ressentons-nous cette envie de tout plaquer ? Il peut être intéressant de démasquer les catalyseurs pour mieux les désamorcer.

Gardez les pieds sur Terre. Il ne sert à rien de se laisser emballer par nos fantasmes, qui tendent toujours à tout extrapoler et dramatiser. Nos projets valent la peine d’être réalisés sur le long terme, concentrons-nous donc sur la façon dont nous pouvons les concrétiser sans que cela nous coûte trop en énergie ni bouleverse trop notre équilibre.

Acceptons de changer. Puisque de toutes façons nous changerons quoi que l’on fasse, autant choisir dans quelle direction changer. Adoptons une autre hygiène de vie et de pensée, plus saine et positive, faite de gratitude et d’acceptation. Gardons en tête que l’acceptation est l’appréciation de toutes les problématiques d’une situation de la manière la plus lucide possible, sans complaisance, pour davantage les prendre à bras le corps et avancer. L’acceptation n’est et ne sera jamais le renoncement. En changeant notre façon de donner au monde et de le percevoir, nous changerons ce que nous recevrons de lui.

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