Sélectionner une page

Attention, là je suis inspirée. Le texte est long. Il est donc particulièrement destiné aux brainstormers aguerris et aux insomniaques 😉

Pour moi, une croyance est une déformation de la réalité pour qu’elle corresponde mieux à nos attentes, du moins à ce que nous définissons comme telles.
Une croyance me semble par définition limitante: si je crois dur comme fer que je suis quelqu’un de fondamentalement libre, je musellerai la partie de moi qui a besoin de sécurité. Si je crois que je suis incapable de changer, effectivement, je ne changerai pas. Ou du moins, je ne changerai pas de la manière dont il aurait fallu que j’évolue pour respecter au mieux mon écologie et me dépasser.

Croyance et suggestions sont liées, une croyance peut aussi se voir comme une cumulation de suggestions : c’est parce que je me suggérerai fortement que la liberté exclut la sécurité que cela deviendra réel pour moi, et je croirai qu’il en est ainsi pour tout le monde et dans toutes les situations. La croyance a un goût d’universel et ne souffre pas d’exception.

Pourtant, on peut facilement démonter une croyance par une autre : ainsi, pour reprendre mon exemple, il suffirait juste de dire que la liberté est, concrètement, la faculté de choisir les décisions qui nous engagent et en être pleinement responsable. En étant ainsi responsable, on se sécurise par les choix que l’on a librement choisis parce qu’ils sont en adéquation avec nos valeurs…et la boucle est bouclée: avec cette croyance, liberté et sécurité sont soudain complémentaires alors qu’elles étaient antagonistes quelques lignes plus haut.

Une croyance est souvent imbriquée dans une autre et est aussi liée à nos valeurs : si ma valeur première est la liberté, je peux croire le plus sincèrement du monde que je serai une éternelle insatisfaite si je crois que la liberté absolue n’existe pas. Et ainsi croire que la stabilité me rendrait malheureuse sur le long terme, alors que cela ne sera pas forcément le cas. Et la croyance rassure : si croire que je suis libre me satisfait et me calme, peu importe que cela soit vrai ou non.

Une croyance est donc un filet de sécurité. Elle est un jeu de l’esprit. Le mental se donne ainsi les digues nécessaires qui l’empêchent de partir en vrille. La croyance tient sa force par le nombre de personnes qui y adhèrent, elle se doit d’être populaire, comme la fameuse « chacun reçoit ce qu’il mérite et mérite ce qui lui arrive ». Jolie croyance, n’est-ce pas?

Et c’est donc par les croyances que l’on peut se sentir appartenir à un groupe, un réseau, une religion ou à la société. Si l’on veut être considéré comme « normal », on doit alors partager les croyances de la majorité. Aussi, on peut trouver certains qui en sont dépourvus ou qui ont des croyances très décalées dans des hôpitaux psychiatriques : ils croient qu’ils ont des voix dans leurs têtes, que la fin du monde approche ou que tout le monde leur veut du mal.

Paradoxalement, si l’être humain cherche à se conformer à la loi du plus grand nombre pour répondre à des critères de réussite sociale, il cherche aussi désespérément à s’en distinguer pour faire preuve d’originalité. C’est alors un parcours d’équilibriste : pour réussir en société et y être intégré, il faut adhérer à la croyance que la réussite consiste à bien gagner sa vie, à avoir fait de bonnes études, se marier et avoir des enfants. Et, en même temps, on retrouve souvent chez les personnes qui ont cette réussite sociale des périodes de crise existentielle, à se demander le sens de tout ce qu’elles ont fait et si cela leur correspond vraiment.

Il faut bien distinguer ce que l’on croit de ce que l’on sait. Je sais que je suis brune, je crois que le brun me va. La croyance est donc juste une interprétation de quelque chose que l’on ne peut pas réfuter.

Je m’amuse de plus en plus souvent avec mes croyances parce que je considère que c’est justement là la vraie liberté : celle de décider de mes croyances et de pouvoir les moduler à ma guise. Alors, comment peut-on jouer avec nos croyances? Dans un premier temps, bien les identifier grâce à nos valeurs. Donc être intransigeant avec soi-même et les mettre à l’épreuve pour les vérifier en les testant concrètement. Ensuite, les hiérarchiser. Arrivé à ce niveau là, on commence déjà à mieux comprendre certains de nos choix.
Enfin, se demander ce qu’il se passerait si celle que l’on a placée en n°3 remontait en n°1, ou si on retirait complètement la n°2. Quels ressentis émergeraient, quels choix seraient à refaire ou à faire différemment. Quels sacrifices pourrait-on accepter et qu’est-ce que cela signifierait. A quels choix pourrait-on renoncer, et pourquoi. Pour quoi serait-on prêt à se battre et comment accepterait-on de se battre. Et ce n’est que lorsqu’on passe véritablement à l’action que l’on s’aperçoit que, finalement, on peut facilement changer nos croyances. Que ce qui nous constitue est, pour une grande partie, modulable. Que nous sommes en réalité beaucoup plus flexibles qu’on le croit.

Spread the love