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« Parlez-moi d’amour… » Edith Piaf

L’amour est composé de plusieurs choses, comme le respect, la cohésion, la prise en compte des besoins de l’autre, la reconnaissance, l’estime, le désir sexuel, etc. On peut alors dire que l’amour est un état d’être au monde, dans la mesure où il dépasse le simple statut de sentiment pour s’incarner dans une valeur morale qui dicte l’ensemble de nos pensées et de nos actions envers l’être aimé d’abord, et envers tout le monde ensuite. Nous changeons face à nous-mêmes et au monde quand nous aimons.

Qu’est-ce qu’un sentiment ? « sentiment » signifie littéralement « ce qui se sent ». Les sentiments sont donc tout stimuli physique ou cérébral. Par exemple, si nous mettons nos mains sous l’eau d’un robinet, notre peau sentira l’eau et, pour peu que nous ayons froid et que cette eau est chaude, notre corps tout entier se réchauffera. Nous aurons alors, outre le sentiment physique de réconfort, le sentiment cérébral de plaisir, qui partiront dès que nos mains se retireront de l’eau chaude. Le sentiment, en soi, ne donne donc aucune garantie de pérennité. Pour que ce sentiment dure, il faut qu’il génère une dépendance. C’est là que ce que nous nommons « amour » entre en jeu.

Les caustiques nomment « amour » le phénomène inventé par l’être humain pour justifier son incapacité à tolérer la solitude, et qui se compose d’un assemblage de concessions mutuelles et d’illusions (admiration, idéalisation), ayant pour but la reproduction. Pour pouvoir refouler la dure réalité que nos instincts nous ramènent à un état primitif, le sexe entre deux personnes ayant un même objectif de vie se qualifierait alors d' »amour ». L’amour serait alors une sorte de contrat implicite : on voit la vie de la même façon, on copule, on fait des enfants. Point. Schopenhauer est des leurs, tout comme Freud. Pour ma part, je considère qu’il faut avoir vécu une forte désillusion sentimentale (Schopenhauer) ou être un frustré sexuel (Freud), pour sortir pareille ânerie.

L’éducation est primordiale pour savoir aimer. Parce qu’aimer s’apprend et, oui, on aime de la façon dont on a été aimé petit. Un enfant ayant grandi dans une sécurité affective, avec une cellule familiale solide et sereine, l’ayant conforté dans ce qu’il est et lui ayant donné confiance en lui, saura aimer de manière respectueuse et attentionnée. Les premiers âges sont ceux auxquels on apprend déjà à dépasser ses propres obstacles, ses peurs et ses comportements limitants. En grandissant, les acquis sont alors déjà solides pour surmonter les obstacles du passé, rester lucide et ne pas attendre de l’autre qu’il comble un manque ou soit une béquille. L’équilibre, même s’il n’est jamais totalement acquis, reste ainsi tout de même fondé sur des bases assez solides pour construire une relation durable.

L’amour n’est donc pas seulement une histoire d’attirance ou de connexion entre deux êtres, il est aussi et surtout une question que les deux partenaires doivent se poser en permanence : comment transformer toujours davantage cette attirance en cohésion, souder cette connexion pour que chacun fasse grandir l’autre avec soi? Il s’agit d’un travail sur soi de tous les jours pour prendre en compte les désirs et les besoins de l’autre, pour que chaque membre du couple se sente important et porté. Lorsqu’on aime quelqu’un, les besoins de cette personne prennent soudain une dimension plus forte, nous cherchons à les satisfaire car la satisfaction de ses besoins devient pour nous un besoin. Aimer n’est donc pas seulement une passion ou un sentiment fort, il est ce qui nous amène à la meilleure version de nous-mêmes.

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