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Kessel

La Providence a bon dos. Sur son compte, les actes manqués, les retrouvailles impromptues, les promesses qu’elle s’amusera à ne pas tenir, les chemins qu’elle nous forcera à prendre…Et, surtout, à ne pas prendre.

«  tout ce qui se fait doit se faire et, si cela ne se fait pas, cela signifie que cela ne devait pas se faire ».

Adhérer à cette philosophie ferait croire que l’existence suit un rouage calibré à la micro-seconde près, que tout est déjà prévu d’avance, que le déterminisme fait foi et, qu’au fond, même si nous ne le ressentons pas ainsi, tout est parfait. En réalité, un tel raisonnement est l’excuse parfaite pour tout excuser, rien entreprendre, rien anticiper et ne jamais se battre. Le joker de la facilité, pour ne pas dire des lâches. Si cet adage a sa part de vérité, rien n’est pourtant moins vrai que son adhésion à la lettre.

Notre simple statut de mortel et, surtout, notre libre-arbitre, devraient suffire à nous secouer. Le temps perdu ne se rattrape pas, les regrets arrivent toujours trop tard.

« On a deux vies, et la deuxième commence lorsqu’on se rend compte qu’on en a qu’une » nous rappelle Confucius. Le gâchis doit cesser, l’instant doit être choisi et non subi, les choix pleinement assumés et tout, absolument tout, doit s’inscrire dans un chemin de vie que nous avons voulu, voire pour lequel nous nous sommes battus. La pire erreur serait de ne pas y avoir cru quand il en était encore temps.

Il ne s’agit pas d’être égoïste ou de vivre en autarcie, bien au contraire. Il s’agit de penser à ce qui est optimal pour notre équilibre et à ce qui s’inscrit dans nos valeurs avant de prendre les décisions qui vont nous aiguiller dans une direction et, du coup, quitter une autre. Penser à soi, c’est alors respecter qui nous sommes pour savoir prendre la direction qui aura le plus de chance de nous conduire au bonheur. L’un des moyens les plus sûrs est de veiller à la mise en œuvre des principes qui suivent.

Suis ton intuition

L’intuition est une autre forme d’intelligence, sans doute plus redoutable que la rationalité pure, car elle se fonde sur des éléments que notre inconscient a perçus, gardés en mémoire, et utilisés pour élaborer l’association d’idées traduite par l’intuition. Ce que notre conscient a refoulé, car difficile à assumer, notre inconscient a jugé utile de le garder et de le « ressortir » le moment venu, via l’intuition.

L’intuition est donc tout sauf de l’imagination. Ses bases sont concrètes, même si non connues.

C’est probablement la raison pour laquelle suivre son intuition ne décevra jamais complètement. Même si la suite n’est pas celle espérée, même si la chute est douloureuse, il reste sans doute préférable de vivre en sachant désormais que telle voie aboutit à une impasse qu’avec le regret de ne jamais l’avoir empruntée. La réponse à une interrogation, même négative, vaut mieux que l’absence de réponse.

Un deuil ne peut se faire que lorsque nous sommes sûrs que jamais il ne pourra advenir autrement. Rien que pour cette raison, tentons.

Choisis la personne qui partagera ta vie parce que tu l’aimes…et pour rien d’autre.

Pas parce que tu ne supporterais pas la solitude, ni pour lui rendre service parce qu’elle aurait besoin de toi, et encore moins parce que tu seras son faire-valoir – ou elle le tien.

Il est souvent difficile de distinguer le besoin de la dépendance affective, car le manque dû à l’absence de l’être aimé, le besoin profond qu’il fasse partie intégrante de toutes les sphères de notre existence, se confond souvent avec un vide intérieur que son absence ferait ressortir et dont il nous serait impossible et douloureux de gérer seul. Le manque est un tiraillement sans pareil, mais ne doit pas être confondu avec la dépendance affective.

La différence entre le besoin que suscite l’amour et la dépendance affective est que cette dernière est pathologique : lorsqu’on ne parvient pas à se détacher d’une relation toxique, que l’on se résigne, que l’on renonce à soi-même pour sauvegarder la relation, que nous revoyons au rabais nos critères, nous sommes dans la dépendance affective. L’estime de soi est alors au plus bas. Nous avons besoin d’être aidés pour sortir de cette relation, mais nous devons impérativement en sortir, et (ré)apprendre à nous aimer nous-mêmes.

Apprenons donc à être équilibrés et heureux seuls avant d’aimer. Nous serons alors naturellement orientés vers une personne qui nous aime de la façon dont nous avons besoin d’être aimés. Et nous serons avec elle pour la seule et unique bonne raison.

Reste authentique

L’authenticité est une denrée rare, mais qui se cultive. Elle prend souvent la forme d’une intégrité émotionnelle tant avec les autres qu’avec soi-même : ne pas porter de masque – ou presque, prendre le risque d’être rejeté, mais avant tout oser exprimer ce que l’on est et ce que l’on ressent en quasiment toutes circonstances. Authenticité rime avec lucidité en ce qu’elle oblige à regarder en face tous les aspects d’une situation et contraint à n’en occulter aucun, pour les formuler avec humilité et acceptation, aussi bien dans un langage verbal ou non verbal. Elle implique alors de poser des mots sur des maux, d’avoir des sourires entiers et sincères, des regards francs et honnêtes. Tout est vrai, rien n’est feint. Lorsqu’on dit que l’on envisage de faire quelque chose, on se projette réellement en train de le faire et, si rien ne vient nous en empêcher, on le réalise véritablement.

Aie un goût du risque…mesuré

Le risque en sécurité existe.

Rappelons-nous encore la phrase de Confucius…il nous pousse à la prise de risque en nous ouvrant les yeux sur l’éphémérité de la vie. Si une chose est vraiment importante pour nous, si elle en vaut vraiment la peine et promet de rendre notre existence plus complète, rien – absolument rien – ne peut nous empêcher de la tenter. Je dirais même : ne DOIT nous empêcher de la tenter. Toutes les excuses du monde, les contes les plus abracadabrants, l’intervention du mal, du diable et les plus grandes catastrophes thermonucléaires ne pourront l’empêcher de la rendre réelle si nous la désirons véritablement. En d’autres termes, si elle ne se produit pas, ce sera uniquement parce que l’un de ses protagonistes l’aura tuée à sa naissance. Il ne la voulait pas vraiment. Point.

N’oublions pas que la prise de risque n’annihile pas tout réalisme. Dès que nous avons le minimum de signaux nous encourageant à sauter le pas, et que nous avons l’appui nécessaire et suffisant de l’autre côté pour nous rassurer, nous pouvons y aller. Le véritable risque consiste surtout sur ce qu’il adviendra ensuite, avec une chance que cela se produise bien. Mais, si dès le départ, tous les signaux observés nous portent à croire qu’une telle prise de risque est de mauvaise augure, pour quoi s’y tremper ? Penser à soi, c’est aussi être raisonnable.

La vie est friande de décisions capitales et ne nous épargne pas sur toutes leurs conséquences. Choisir de ne pas choisir est aussi un choix et le temps ne nous manque pas de nous le rappeler, lorsqu’autour de nous ceux qui ont choisi de choisir ont en retour ce que nous n’aurions jamais, au fond, vraiment cru pouvoir obtenir pour nous. Penser à soi, c’est pouvoir se dire « moi aussi, j’y ai le droit », et tout faire pour l’obtenir.

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