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J’ai finalement arrêté l’écriture de « L’Ombre de toi », ne trouvant pas une chute et une fin qui me satisfassent. Je restai toujours engluée dans une solution déprimante et sinistre où les personnages principaux se déchirent, se lassent et se laissent ; tentant, avec plus ou moins de succès, de s’oublier et de tourner la page. Franchement, je fus tellement dépitée, énervée même, que je finis par jeter les dernières pages à la poubelle. Je le reprendrai plus tard, quand mes personnages principaux seront moins idiots, plus matures et moins frileux.

Du coup, j’ai commencé un autre projet – et oui, j’ai quand même besoin d’écrire. Cette fois, l’histoire est plus légère. Le personnage principal ne veut plus se prendre le chou avec des bêtises, la vie est trop courte pour cela. Elle profite de l’instant, ne se pose plus de questions, ne se projette pas vraiment non plus. Elle sait que rien n’est dû, ni acquis, ni fiable, et cette philosophie demeure désormais sa seule boussole. L’humilité l’habite au point que quasiment tout en elle change, se transmute, pour donner place à une jeune femme novice dans un monde qu’elle redécouvre d’un œil neuf et épuré. Mais, si elle laisse libre court à sa spontanéité et à ses envies, elle n’est plus dans le jugement et n’a plus rien à prouver. Être juste soi, n’est-ce pas là le vrai luxe ?

Sauf que la société dans laquelle elle vit tentera, coûte que coûte, de la rendre conforme à ses attentes, de la modeler pour lui faire cocher les cases objectives de ce qu’elle appelle « réussite ». Si être soi est alors vraiment le vrai luxe, la plus grande des batailles serait alors de parvenir à le rester. Après tout, pourquoi se marier, avoir des enfants, se poser et perpétuer nos gènes si cela n’est pas conforme à nos réelles aspirations ? Une femme peut-elle être véritablement accomplie sans avoir d’enfants, si elle n’en désire pas ? Bien sûr que oui. Et, si elle change un jour d’avis, ce sera parce qu’elle aura trouvé celui qui lui en donnera envie, et non parce que la société l’intimera de devenir mère. Dans le même ordre d’idée, la femme est libre de faire sa vie avec qui elle veut, de voyager comme elle le veut, de mener « la vie d’un homme » en refusant de s’engager…le temps qui passe n’est pour elle plus une fatalité. Elle finira par comprendre qu’au fond, que le secret du bonheur est de ne plus le chercher.

La question de l’amour sera donc inévitablement abordée. Cherchons-nous véritablement ce qui nous conviendrait le mieux, savons-nous exactement ce qui nous rendrait heureux, oserons-nous tout mettre en œuvre pour l’obtenir ? La quête de ce Graal requiert un savant dosage entre la tolérance et l’intransigeance, aussi bien sur soi-même que sur l’autre. Et mon personnage principal devra affronter bien des épreuves avant de le trouver enfin et, surtout, de réaliser l’avoir trouvé. Ici, le secret du bonheur sera celui de la lucidité à toute épreuve, de ne pas se voiler la face.

Si le destin nous tend un jour la main, encore faut-il savoir la saisir, et ne jamais la lâcher.

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