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C’est la question que j’ai posée à une copine en revenant de notre formation d’hypnose, en fin d’après-midi. S’il est important et indispensable, pour un thérapeute, d’effectuer en permanence un certain travail sur soi pour exercer au mieux son métier, fort heureusement, les thérapeutes ne sont pas les seuls à chercher à se connaître au maximum. Dans le cas contraire, Socrate aurait été mon hypnotiseur favori.

Mais, justement, qu’est-ce qui pousse une personne à vouloir se connaître soi-même ?

Prenons la problématique à l’envers : si je pars du principe que nous changeons tous en permanence, que nous évoluons constamment par ce que nous choisissons de tirer de nos expériences, nous serons alors toujours en mouvement, et donc jamais accessibles à une auto-observation. Ce qui est en perpétuel changement ne peut pas être étudié car la version étudiée de lui-même sera tout de suite obsolète.

De plus, toute connaissance doit reposer sur des exigences d’objectivité. Seul ce qui a été démontré, éprouvé, validé, expérimenté de nombreuses fois peut se targuer d’être un minimum objectif. Hormis les sciences pures, peu de choses sont donc véritablement objectives… et a fortiori lorsque le sujet et l’observateur sont la même personne.

La recherche de la connaissance de soi serait alors un leurre ? M’a répondu ma copine, riant à moitié.

Bien sûr que c’est un leurre, si ça fait du bien de le croire …
… sauf que si c’en était un, il n’y aurait pas autant de névroses. Et les métiers de thérapeute, d’accompagnement personnel, psychiatre, psychanalyste n’auraient plus de raison d’être. Le cerveau n’aurait plus aucun mystère, nous saurions choisir nos émotions sur commande, dormir sur commande, et les compulsions et addictions n’existeraient plus. Le bonheur tel que chacun l’entend serait très accessible, très facilement et, du coup perdrait de sa valeur. L’émerveillement et la curiosité deviendraient une quasi-lettre morte.

Chercher à se connaître permet justement de savoir quel changement choisir pour être en adéquation avec son propre fonctionnement. Découvrir les mécanismes qui façonnent notre équilibre donne une flexibilité et une liberté incroyables : celles de choisir ce que nous voulons être.

Chercher à se connaître répond à un besoin propre à l’être humain de s’individualiser et de repérer ce qui tend à rester unique et distinct malgré tous les changements, ce qui fait son unité malgré ses contradictions. Par exemple, je sais que j’aurais beau changer, j’aimerai toujours la glace à la vanille. Et que je serai toujours obstinée. Et qu’il vaut mieux éviter de me parler le matin quand j’ai dormi quatre heures.

Mais chercher à se connaître est plus intéressant si l’on est guidé par un regard expérimenté, bienveillant et sans complaisance. La tentation du mirage de se mentir à soi-même serait sinon irrésistible. Il est difficile d’avoir une attention totalement désintéressée dans tout ce que l’on fait, et ce regard peut nous éclairer sur la partie de nous qui a été satisfaite par notre action.

Chercher à se connaître permet donc d’acquérir un pouvoir sur soi.

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