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Faire tomber son téléphone dans les toilettes : fait
Renverser son café sur son chemisier : fait
Eternuer dans la grosse mousse du capuccino : fait
Casser un talon de dix centimètres en courant après le bus : fait
Jurer ses grands dieux en cinq langues différentes – français, anglais, hébreu, espagnol, italien , plus une mutante – arabo-créole? : fait

Et je peux encore mieux faire, je pense. Alors j’ai pris mon fauteuil – un bon gros fauteuil de ministre bien confortable, l’ai traîné jusqu’au couloir et, en poussant fort sur le talon cassé, me suis propulsée dessus pour rouler le long du couloir à vitesse grand V.

Voir les sourcils de son directeur général se hausser face au fauteuil fou à cheveux bruns qui arrive en trombe : fait

Je sais ce qu’il me faut : faire du théâtre. Rien de mieux pour sortir de sa bulle que de devenir une autre, d’en être presque convaincue pour ainsi mieux convaincre. Et j’ai remarqué quelque chose d’absolument fabuleux : quand on veut véritablement une chose, il suffit de croire qu’elle viendra à nous dès qu’on la recherche vraiment, et elle arrive comme par enchantement. Avant aujourd’hui, je n’avais pas trouvé de cours de théâtre qui puisse me convenir. On m’en avait déjà parlé maintes fois, me persuadant de toutes les façons possibles que je devais absolument essayer, mais rien n’y faisait : apparemment je n’étais pas suffisamment motivée. J’avais fait alors quelques recherches, toutes infructueuses. J’avoue : c’était davantage de ces recherches qui ont pour but de se donner un prétexte à l’échec que d’obtenir le résultat soi-disant recherché. Juste pour pouvoir répondre « ah, mais non, tu ne peux pas me reprocher de ne pas avoir essayé ». C’était toujours trop loin, trop tard, trop cher. Et, bien sûr, je n’avais jamais le temps. Mais aujourd’hui me semble être le jour de la révélation théâtrale : tous les lundis soirs, de 20h à 21h30, à partir du 8 septembre, j’irai à un cours de théâtre. Le seul souci, c’est que cela tombe en même temps que les cabinets publics d’hypnose, que j’adore. Une partie de moi me dit que ces cabinets publics sont filmés, que j’y suis déjà allée quasiment toute l’année dernière et que je pourrai toujours y retourner, si la frustration me tenaille trop.

« N’empêche que tu es complètement cinglée » m’a dit en riant une amie ce midi, alors que je lui assurais que théâtre et hypnose sont complémentaires. Je maintiens : les deux visent à générer un bien-être, les deux sont des arts, les deux demandent un don de soi. Le théâtre demande de s’oublier pour devenir quelqu’un d’autre. L’hypnose demande de s’oublier pour fonctionner au rythme de l’autre. Et quelque part, aussi bien dans le théâtre que dans l’hypnose, notre masque tombe, on offre une version sublimée de nous-même, une version qui correspond sur mesure à ce que l’autre attend.
Avoir conscience de son image et la travailler pour qu’elle donne le message que l’on souhaite, se dépasser, mettre l’autre au premier plan…autant de perspectives que les deux disciplines partagent.

J’ai finalement convaincu mon amie : elle viendra à ma première représentation théâtrale et voudrait que l’on s’amuse à triturer ensemble certaines de ses vieilles manies via l’hypnose, même si je ne suis pas encore praticienne. Vraiment une journée idéale.

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